Les racines de la voie Qadiriya Boutchichiya remontent au vénérable maître Moulay Abd al-Qadir al-Jilani, qui a vécu au 5e siècle de l'Hégire. Quant au nom « al-Budchichiya », il est associé à Sidi Ali ben Mohammed, surnommé Sidi Ali Budchich, car il nourrissait les gens dans les périodes de famine et de pénurie avec de la "dchicha" (une sorte de nourriture simple) dans sa zaouïa.

Les guides spirituels de la voie :

Parmi les figures marquantes de la direction de la voie Qadiriya Boutchichiya au Maroc, on trouve Sidi al-Mokhtar ben Mouhyi Eddine (décédé en 1914), puis Sidi Abou Madine ben al-Manour (décédé en 1955). Ce dernier a fait passer la voie d’un simple mode de bénédiction (tabarruk) à une véritable méthode éducative fondée sur la purification du cœur et l'amélioration du comportement, après une profonde lutte spirituelle et une autorisation pour l'éducation spirituelle.

Après lui, la mission de l'éducation spirituelle a été assumée par Sidi al-Haj Abbas, puis son fils Sidi Hamza, en tant qu’héritiers du secret spirituel de Sidi Abou Madine. Ils ont modernisé et élargi l'influence de la confrérie (tariqa).

La direction spirituelle fut ensuite confiée à Sidi Jamal Eddine, jusqu'à ce qu’il transmette le flambeau à Moulay Munir al-Qadiri al-Budchichi.

La chaîne spirituelle et la Wassiya éducative :

La chaîne spirituelle et la wassiya (recommandation spirituelle) occupent une place fondamentale dans la structure du soufisme. En effet, l'éducation soufie repose sur la transmission de la lumière d'un cheikh-éducateur à un disciple réceptif, une transmission continue et ininterrompue qui garantit l'authenticité et la pureté de la méthode. La chaîne spirituelle n'est pas simplement une relation d'enseignement, mais un porteur de la responsabilité spirituelle, incarnant la parole des soufis : « Le chemin ne s’acquiert pas par les livres, mais par les gens du chemin ». C'est pourquoi l'imam al-Junaid disait : « Notre savoir est conditionné par la compagnie d’un cheikh et d’un maître ».

Dans ce cadre, l'importance de la wassiya spirituelle (ou permission) devient évidente. Elle est donnée à celui qui a atteint un certain degré de maturation spirituelle. La wassiya n’est pas un héritage généalogique, mais un héritage du secret (le savoir spirituel) et une purification du cœur, fondée sur une réelle préparation intérieure. C’est ainsi que Dr. Moulay Munir al-Qadiri al-Budchichi, porte la wassiya de purification et de permission spirituelle de son père, le cheikh éducateur Sidi Jamal Eddine, que Dieu sanctifie son âme. Cette wassiya confirme la transmission authentique du comportement spirituel et des enseignements de purification dans une chaîne continue et originelle.

Le respect de cette chaîne est l’une des particularités qui distingue le soufisme Marocain à travers les âges. En effet, les zaouïas (centres spirituels) ont toujours préservé les principes de l’éducation soufie dans la purification de l'âme et la purification du cœur, de génération en génération, assurant ainsi la pureté du chemin et la sincérité de la quête vers Dieu.